Communiqué de presse
La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) s’inquiète de la dégradation des comptes de l’assurance maladie, une tendance qui illustre les limites de la politique irresponsable du rabot et l’absence d’une vision courageuse pour réformer un système de santé, qui reste financé année après année par l’endettement.
Le déficit du régime d’assurance maladie devrait atteindre 7,2 milliards en 2015, après 6,5 milliards en 2014 et 6,8 milliards en 2013, selon la Commission des comptes de la sécurité sociale, publiés le 8 juin.
«Cela fait 20 milliards de déficit en trois ans ! L’assurance maladie n’a plus été à l’équilibre depuis 1988. Le pays continue de soigner à crédit depuis plus d’un quart de siècle. La politique du rabot ne permet pas de maîtriser les comptes et ce n’est une bonne chose pour personne. Il va bien falloir un jour affronter avec courage les réalités, revenir à l’équilibre, et pour cela réformer en profondeur un système qui est à bout de souffle », estime Lamine Gharbi, président de la FHP, qui regroupe 1.000 cliniques et hôpitaux privés.
Dégager des marges d’efficience est possible
A cet égard, la FHP regrette que le gouvernement ne mette pas en œuvre deux leviers importants qui permettraient de dégager des gains d’efficience, comme l’a relevé la Cour des Comptes.
Le premier est la convergence des tarifs public/privé, réforme qui a été menée à son terme en Allemagne en 2009 et qui a permis d’économiser 11 milliards d’euros par an et à la sécurité sociale de redevenir largement excédentaire. En France, ce sont 11,7 milliards d’euros d’économies qui pourraient ainsi être dégagées. « En mettant fin en 2012 à la convergence tarifaire, qui était pourtant une mesure de bon sens économique, le gouvernement s’est privé d’un gisement d’économies important. Dès lors, les marges de manœuvre sont aujourd’hui des plus restreintes et l’on voit la difficulté à agir sur d’autres facteurs, comme la réforme du temps de travail à l’hôpital public », souligne Lamine Gharbi.
Le second est le « choc » de simplification, qui reste dans le domaine de la santé largement virtuel. La FHP demande que soit engagé un véritable travail de fond en faveur d’une simplification normative. Elle regrette que le groupe de travail ouvert avec le ministère de la Santé, au lendemain du mouvement de protestation des cliniques de mars 2014, n’avance pas et produise peu de propositions concrètes.
« Les acteurs hospitaliers ne pourront pas faire face aux contraintes financières à venir sans un allègement des normes et des contraintes qui se sont accumulées au fil des ans et dont certaines sont tout simplement inadaptées face aux innovations technologiques et à l’évolution des process humains », prévient le président de la FHP.
Tarifs : des erreurs de méthode
Enfin, l’analyse des comptes 2014 de la Sécu montre qu’une nouvelle fois et pour la quatrième année consécutive, les cliniques et hôpitaux privés ont respecté en 2014 les enveloppes budgétaires allouées par le gouvernement, réalisant même une sous-exécution de 100 millions d’euros, alors que les hôpitaux publics ont dépassé de 175 millions d’euros (pour la partie tarifée à l’activité).
Pour la FHP, cela montre que les hypothèses retenues année après année pour la construction tarifaire sont fausses : elles ne prennent pas en compte la réalité de l’évolution de l’activité.
« La prochaine campagne tarifaire ne pourra s’envisager ainsi sans un travail concerté de construction des maquettes tarifaires qui permette de coller davantage aux réalités », souhaite ainsi Lamine Gharbi.
A propos de la FHP
La FHP regroupe 1.000 cliniques et hôpitaux privés qui assurent chaque année la prise en charge de 9 millions de patients. Environ 150.000 salariés (personnels de soins, administratifs et techniciens) travaillent dans les établissements de santé privés et 40.000 médecins y exercent. Les cliniques et hôpitaux privés prennent en charge :
- 54% des interventions chirurgicales
- près de 66% de la chirurgie ambulatoire
- 2,5 millions de passages dans 130 services d’urgences
- Un accouchement sur quatre
- Près d’un tiers (32,5%) des soins de suite et de réadaptation
- Plus de 17% des hospitalisations psychiatriques
- Près de 20% de l’activité d’hospitalisation à domicile (HAD).